Chaque fable est illustrée d'une double page gravée sur bois en couleurs et de deux vignettes en noir en tête et cul-de-lampe. le plus jeune artiste, Kajita Hanko (1870-1917), illustre onze fables avec une prédilection pour le renard, figure de l'imaginaire japonais associée à la divinité Inari ; Okakura Shusui (1867-1950) quatre et Eda Sadahiko (date inconnues) deux. Chacun livre à sa façon une vision épurée du spectacle de la nature.
Quelques citations s'insinuent au fil des pages : le quartier de Nihonbashi peint par Hiroshige apparaît dans La tortue et les deux canards ; le mont Fuji emprunté à Hokusai domine Le dragon à plusieurs têtes et le dragon à plusieurs queues, Eda Sadahiko "a eu l'heureuse idée de placer la scène de la fable Le rat et l'huître en face de l'île d'Enoshima, connue grâce au pinceau du célèbre Utamaro" (P.
Barboutau). Sixième fable du second volume, La grenouille et le rat est illustrée par Kano Tomonobu, descendant de l'école de peinture Kano, née au XVe siècle. Laissant une large place au "blanc" du papier, ses coloris délicats invitent à la contemplation du marais alors même que l'intensité dramatique atteint son paroxysme. Pierre Barboteau (1862-1916) est un éditeur et amateur d'art français. Il fait plusieurs séjours au Japon de 1886 à 1913, au cours desquels il rassemble une collection de grande qualité.
Barboutau se consacre à l'étude de l'histoire de l'art japonais et est l'auteur de plusieurs biographies d'artistes. C'est donc en fin connaisseur du milieu artistique japonais qu'il dirige la réalisation de cet ouvrage.