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"La propriété ne doit pas être considérée comme la base première de la vie en communauté, mais, au contraire, comme une modalité du commun". Pierre Crétois s'intéresse ici à la tradition économique qui tient l'institution de la propriété pour souhaitable du fait des conséquences avantageuses qu'elle aurait pour la collectivité : en effet, elle serait capable de mettre fin au chaos qui régnerait là où tout est commun, et, par les limites qu'elle impose, elle serait également de nature à réunir spontanément les conditions d'un certain ordre social, l'ordre propriétaire. Cette tradition morale et politique - formalisée à la fin du xviiie siècle par Jeremy Bentham, développée ensuite par John Stuart Mill, Henry Sidgwick et bien d'autres - est d'une importance capitale pour la construction de la pensée moderne et a largement inspiré la science économique. Or, bien que le concept de propriété soit assez peu questionné en économie, il y joue un rôle cardinal d'ordonnancement des sociétés en général et des marchés en particulier. En présentant les défenses libérales et néolibérales de la propriété, il souligne leurs faiblesses et leurs conséquences délétères. Le souci de la justice - économique, sociale et environnementale - impose de cesser de considérer les choses comme absolument appropriables. Cela passe non seulement par la limitation du droit de propriété, mais surtout par la reconnaissance du fond commun de toute propriété.