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Pour la première fois, avec l'autorisation du Saint-Siège, les documents d'un dossier de condamnation religieuse vont être rendus publics. Le fait lui-même constitue un événement. L'Eglise a d'ailleurs beaucoup à y gagner. Elle a été accusée d'avoir été, dans l'affaire de la condamnation de Lamennais, intégralement "manipulée" par la diplomatie européenne ; ceci est tout à fait faux même si les pressions diplomatiques furent indéniables. Car ce que l'on ignorait -et pour cause puisqu'ils étaient restés secrets - ce sont les innombrables rapports des théologiens romains désignés par Grégoire XVI pour informer la commission qui eut à connaître du dossier Lamennais. Le vrai problème n'est pas de savoir si l'Eglise a eu, oui ou non, raison de condamner Lamennais, mais, à la lumière des documents qui sont présentés, de tenter de comprendre historiquement, théologiquement, sociologiquement, comment les questions furent posées par Lamennais et les théologiens romains. Celles-ci dépassent largement le cas Lamennais puisqu'elles se nomment "droits de la personne humaine" , "rapports individu-état" , "révolte contre la tyrannie ou l'oppression" , "libertés essentielles de l'homme" . C'est tout notre monde moderne...