Pour Jeanne-Marie Leprince De Beaumont (Rouen, 26 avril 1711 – Chavanod, 8 septembre 1780), cette femme de lettres, journaliste avant l’heure, le conte de fées s’intègre dans une démarche pédagogique. Après avoir vécu à la cour de Lorraine – dont la duchesse n’est autre qu’Elisabeth-Charlotte princesse d’Orléans, dédicataire du manuscrit des Contes de ma Mère l’Oye – la magasinière, comme la surnomma Voltaire, exilée à Londres en 1748 y crée en 1756 Le Magasin des Enfants, un des premiers périodiques, dans lequel figurent des contes encadrés par des leçons instructives.
La Belle et la Bête y paraît dans l’édition de 1757. Face aux récits de l’Antiquité, Charles Perrault (Paris, 12 janvier 1628 – Paris, 16 mai 1703), cet écrivain génial du Grand Siècle a su affirmer avec brio la prééminence de la langue française et métamorphoser les contes populaires en contes littéraires permettant de retrouver l’enchantement de l’enfance. Ses illustrations pour les chefs-d’oeuvre de la littérature lui valurent la reconnaissance des bibliophiles.
Celles qu’Edmond Dulac (Toulouse, 22 octobre 1882 – Londres, 15 mai 1953) réalisa en 1910 pour The Sleeping Beauty, chez Hodder & Stoughton à Londres, dégagent par leur élégance raffinée, la poésie féerique des Contes de Perrault auxquels l’éditeur adjoignit l’histoire de La Belle et la Bête.