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Interdire le meurtre apparaît comme une évidence. Le meurtre a pourtant pu trouver des justifications de toutes sortes. Les débats sur l'avortement ou l'euthanasie amènent aussi a interroger les limites d'un tel interdit. Ces contas conduisent à demander, de nouveau pourquoi, et en quel sens, interdire le meurtre ? Cette question ouvre plusieurs chemins. Peut-on justifier rationnellement cet interdit sans recourir à aucun postulat moral hérité par tradition ? La pensée rationnelle ne fonde qu'après-coup un interdit déjà instauré. Comment dès lots penser l'institution d'un interdit qui semble soutenir toute institution ? Les hommes ont-ils pu s'entendre une bonne fois pour condamner le meurtre, si toute entente présuppose de ne pas s'entretuer ? . Tune tueras pas . : on entend dans cette directive un défi pour la pensée, tant elle se dérobe aux tentatives de lui assigner un fondement et une origine.
Interdire le meurtre apparaît comme une évidence et ne fait pas pour nous question. Pourtant, la condamnation du meurtre n'a pas toujours été unanime. Le meurtre a pu trouver des justifications politiques, religieuses, même esthétiques et philosophiques. Les débats contemporains à propos de l'avortement ou de l'euthanasie amènent par ailleurs à s'interroger sur les limites de l'interdit du meurtre, et sur ce qui doit être qualifié de meurtre. Ce double constat conduit à demander, de nouveau : pourquoi, et en quel sens, interdire le meurtre ? Poser cette question ouvre plusieurs chemins. D'abord, est-il possible de justifier l'interdit du meurtre de façon purement rationnelle, sans recourir à aucune conception religieuse touchant la sacralité de la vie humaine, ni à aucun postulat moral hérité par tradition ? Il s'avère que la pensée rationnelle ne vient fonder qu'après-coup un interdit qui est déjà institué dans l'histoire et les sociétés humaines. Mais dès lors, comment penser l'institution d'un interdit qui semble soutenir toute institution ? Y a-t-il un sens à dire que les hommes ont dû s'entendre une bonne fois pour interdire le meurtre, si toute entente présuppose initialement de ne pas s'entretuer ? " Tu ne tueras point " : dans cette directive se fait entendre un défi pour la pensée, tant elle semble se dérober à toute tentative de lui assigner un fondement et une origine.
Kévin Cappelli, agrégé de philosophie, enseigne en Ille-et-Vilaine. Aux éditions Apogée, il est l'auteur de L'Expérience du monde(2018), Simone Weil, le tournant spirituel(2019) et L'avènement des fantômes (2021).