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"Ce qui est risible, c'est la soumission à l'évidence du sens, à la force de cet impératif : qu'il y ait du sens, que rien ne soit définitivement perdu par la mort, que celle-ci reçoive sa signification encore de "négativité abstraite", que le travail soit toujours possible qui, à différer la jouissance, confère sens, sérieux et vérité à la mise en jeu. Cette soumission est l'essence et l'élément de la philosophie, de l'onto-logique hegelienne." Ces mots de Jacques Derrida ont fourni son titre au premier volume de L'expérience de la lecture. La soumission, qui montre que la tradition des métaphysiques occidentales a refoulé une théorie de la lecture, permet au moins trois parcours. Soit le lecteur assimilera cet essai à une longue note ajoutée au texte de Jacques Derrida qui a démontré que l'écriture a toujours été considérée comme seconde par rapport à la parole, elle-même premier signifiant d'un signifié transcendantal et qui a constaté que la lecture a été tenue pour un mode dérivé et imparfait de l'écoute et/ou de la vue. Soit le lecteur lira La soumission comme une approche généalogique ou a-généalogique de cette conception logocentrique de la lecture qui est tout d'abord analysée dans les textes de Platon, figure inaugurale de la métaphysique occidentale. Puis, dans les textes de Heidegger qui, à la fois répète la tradition occidentale et l'ouvre à son autre. Des textes de Descartes, Kant et Hegel sont convoqués pour montrer la filiation de Heidegger à une tradition qu'il ébranle néanmoins. Aux côtés de Heidegger apparaît Freud qui, lui aussi, dans le champ de la psychanalyse, met en évidence les présupposés métaphysiques relatifs à la lecture tout en ne pouvant éviter de les répéter. Quant à Levinas, bien qu'il apporte la richesse de la tradition hébraïque, il se voit néanmoins confronté aux apories d'une théorisation de la lecture prenant en compte la différence sexuelle. Soit, enfin, le lecteur tiendra ce livre pour un commentaire un peu long du court texte de Heidegger : Qu'appelle-t-on lire ?