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Dans la tradition théologique, tantôt l'être est identifié au bien (Augustin), tantôt le bien se situe au-delà de l'être (Denys). Ces deux postures métaphysiques ont convergé dans deux pensées différentes de l'analogia entis (Thomas d'Aquin et Maître Eckhart). Parcourir ces grandes pensées selon une relecture phénoménologique fait surgir la problématique d'une méprise sur le sens de l'être : Y aurait-il deux manières de considérer l'être, l'une où l'être serait quelque chose qui nécessiterait un geste antérieur de donation, l'autre où l'être serait lui-même donation et bonté ? Le défi heideggérien pousserait la théologie vers une question fondamentale. Y répondre, ce serait, d'une part, mettre au jour le présupposé sur lequel est fondé la critique de l'onto-théologie et, d'autre part, par une remise en question de la "déconstruction" (Destruktion), laisser émerger une construction métaphysique entièrement transformée par la Révélation. Pour opérer cette entreprise, le chemin est déjà balisé du côté phénoménologique par les travaux de Paul Ricoeur, Jean-Luc Marion et Michel Henry. Leurs études sont stimulantes pour la théologie dont le point de vue est cependant différent. Comme Jean-Yves Lacoste le fait remarquer, considérer la Révélation comme un fait (théologie), et non comme une possibilité (philosophie), ouvre une intentionnalité qui donne accès à une autre description des phénomènes et, par là, à une nouvelle herméneutique. Par conséquent, la foi permet une pensée de l'être impensable sans elle. La Révélation provoque à penser une différence ontologique où l'être ne se retire pas dans sa donation. Cette logique est surprenante au regard de la pensée de Heidegger. Elle se propose comme une alternative à la logique de l'alètheia.