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Au milieu du XXe siècle, Robert Klein s'est attelé à une tâche immense : repenser l'art et son histoire à partir de la notion aristotélicienne de technè. Loin d'être réductible à la représentation ou à la production du beau idéal, l'art est manière de faire, habitus ou disposition à produire selon une "droite raison" (recta ratio). Dans L'Esthétique de la technè, cette thèse placée sous la direction d'André Chastel et restée jusqu'à ce jour inédite, Klein montre de quelle façon cette conception artificialiste de l'art irrigue l'essentiel de la pensée et de la production artistique du XVIe siècle. L'oeuvre maniériste, qu'il s'agisse d'une sculpture "terrible" de Michel-Ange, d'un tableau "capricieux" d'Arcimboldo ou d'un bronze "virtuose" de Cellini, a pour finalité de susciter la stupeur et l'émerveillement, conduisant le spectateur à s'interroger sur les procès techniques (alliance d'intelligence et d'habilité manuelle) qui l'ont fait advenir sous cette forme. En mettant ainsi l'accent sur le comment, Klein conteste le privilège de l'idée sur les moyens et offre une vision "aristotélicienne" de la Renaissance bien différente de celle, essentiellement néoplatonicienne et idéaliste, à laquelle on la réduit encore trop souvent.
Robert Klein revisite l'art de la Renaissance à la lumière de la notion aristotélicienne de technè : l'art n'est pas, comme on le pense souvent, la représentation du beau idéal, il est manière de faire, habitus ou disposition à produire selon une "droite...