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Dans leur usage paradoxal des masques littéraires, les auteurs de langue française en arrivent parfois à mettre en jeu leur propre qualité d'écrivain. Ils se détournent ainsi de l'" autorité " qui leur a été affectée par l'institution littéraire, renversent les canons et invalident les champs esthétiques ; ils négocient donc une nouvelle posture, libre, proche de celle du lecteur-interprète ou du " marqueur de paroles ".
Le masque sert aussi à " désacraliser ", à " désolenniser " la posture de l'écrivain démiurge, à préserver sa disponibilité devant les défis du moment et à couvrir son accès au mystère. La reconduction du masque initial - la psychose originelle en somme - transparaît sous des formes en mutation.
Ces formes sont élaborées comme des masques en(-)jeux par des écrivains comme Michel de Ghelderode, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Yasmina Khadra, Patrick Chamoiseau, Salvat Etchart, et de manière encore plus accentuée par les écrivains louisianais. On découvre aussi les jeux de masques, ces usages, exercices, stratégies, opérations de séduction et carnavals narcissiques, réinterprétés par une lignée d'auteurs où dominent les femmes : Colette, Paul Willems, Suzanne Lilar, Maria Van Rysselberghe, Amélie Nothomb, Réjean Ducharme, Madeline Monette, Gilbert Laroque, Daniel Maximin, Ananda Devi.