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Il ne s'agit pas de dresser l'historique du dialogue entre juifs et chrétiens. Pour les gens de bonne volonté, ce dialogue existait tant bien que mal depuis toujours. Pour les autres, le problème ne s'est jamais posé en termes de dialogue mais de rejet réciproque. Les questions qui se posent sont d'un tout autre ordre : à quoi bon un dialogue mené par un très petit groupe d'intellectuels ou de théologiens qui ne débouche sur rien de pratique à une plus grande échelle ? Ce dialogue a-t-il changé des mentalités ? En cette fin de XXe siècle, le moment est venu de réfléchir, à la lumière d'un siècle de débats. Une partie du monde chrétien, consciente de sa part de responsabilités dans le nazisme, avait besoin de ce dialogue avec les juifs pour battre sa coulpe. Les juifs d'Europe, les survivants qui devaient continuer de vivre en milieu chrétien avaient eux aussi besoin de la reconnaissance de cette partie du monde chrétien qui faisait pénitence. Chacun essayait d'exorciser ses propres démons. Le fond de l'affaire reste aujourd'hui le même qu'il y a cinquante ans ou mille ans ! C'est pourquoi faire le tour du problème ou parler de ce qu'on écrivait sur le sujet au début de ce siècle, ce n'est pas parler de situations révolues, depuis longtemps dépassées, mais c'est parler du présent. La forme du débat a certainement changé, mais le fond est resté le même : il existe encore et toujours une évidente incompatibilité de dialogue quand celui-ci porte sur des points de théologie. Et si ce n'est pas de théologie, de quoi parler d'autre dans un dialogue qui prétend éclairer le contentieux religieux ?