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"Les flèches du Tout-puissant en moi sont plantées Et mon souffle en boit le venin, Les terreurs de Dieu sont rangées contre moi" (Job) L'homme en proie à la souffrance et au mal accuse Dieu qui affirme, par la bouche de son prophète, détenir le pouvoir des contraires, le bien et le mal. Dieu dissimulerait-il une part obscure ? La philosophie a donné à ce problème le nom de théodicée : jugement de Dieu, qui peut tourner favorablement à Sa justification. Le titre de l'ouvrage s'accentue conformément à la théodicée : Dieu recèle à quelque degré le mal. Il se prononce aussi tout autrement : l'homme est le promoteur du mal et l'agresseur de Dieu dont il veut usurper l'être et l'avoir. Pour faire court, l'écharde du mal peut d'une part avoir été originairement en Dieu ou actualisée lors de Son auto-révélation, ou d'autre part, être plantée par l'homme. Quant à la chair, elle est à prendre à ta fois comme métaphore et comme réalité. Métaphoriquement, elle désigne, selon le deuxième accent, l'affectivité, voire le pâtir divins, et selon le premier accent, le fondement ténébreux de Dieu. Prise réellement, elle désigne le Christ. Dans sa visée, sa méthode et sa complexité, cet ouvrage s'écarte et de la théologie dogmatique et de la philosophie rationaliste. Il privilégie le roman (Huysmans, Julien Green, Graham Greene) ce relais moderne du mythe dont il subordonne la compréhension à un réseau de notions théologiques, philosophiques et psychologiques. En philosophie, essentiellement Platon et Schelling ; en théologie, la Kabbale surtout ; en psychologie, Jung. Dans l'âme est mise à jour une complexion christique positive ou négative : par elle se manifeste un Dieu qui unit les contraires sans toujours les réconcilier. Penser le rapport du mal à Dieu, c'est passer d'une phénoménologie du mal à une scrutation de l'origine qui donne son relief à la responsabilité éthique et même messianique de l'homme, tout de même que, par la médiation du roman, elle réfléchit dans la nature une réalité surnaturelle.