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Depuis longtemps déjà, je suis sensible à l'art sombre et terrible de la peintre française. Ici, j'ai cédé devant ces douloureux visages de la décrépitude et de l'agonie, ces faces éplorées et terribles de la misère. Il faut qu'elles soient avec nous, qu'elles nous hantent. Il faut à la lune qui nous éclaire ces cratères noirs. Ces têtes de mort et de mourants. Il faut que cela soit parmi nous, avec les autres évidences. Et moi, je crois à la nécessité des prophètes de malheur, des semeurs d'ombres, des empêcheuses de valser en rond. Au moins des sourdines à l'assourdissant bonheur du monde, ses déflagrations, ses victimes mutilées. Il me faut, pour atteindre au déséquilibre qui fonde en l'être l'humanité, le beau, l'abîme, tout. Hommage à Anna Maria Cutolo qui échafaude une grande et sombre, une insoutenable et indispensable, une virulente et saine oeuvre qui nous assène le boucan abominable et les images sordides de l'apocalypse : celle des autres, celle qui nous pend au nez comme une morve. Ecce homo. (Denys-Louis Colaux)