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"Comme un boxeur sonné, je m’endormirai dans tes cordes", se récite Léo Harossian face au tableau : un dos, sans visage, ligoté avec science. Lui-même n’aurait pas su peindre aussi bien ses terreurs. Sous les liens, il perçoit la pulsation lancinante de l’attente. Sept ans qu’il s’épuise à espérer le retour de Sofia. Sept ans qu’il se racornit dans sa chrysalide de cordes, sous les yeux de sa fille Anouk. Sofia Harossian, née Ellman, écrivain, disparue le 22 juin 2004. Dans son berceau, leur fille Anouk n’avait que vingt jours. Octobre 2011. Un message laissé par deux gamins sur le répondeur de Léo affirme que Sofia est vivante et a besoin d’aide. Secondé par son ami Stephen Holmlund, ex-flic, Léo entraîne Anouk dans une quête sombre. Pour que les chairs parlent à l’âme, il faut connaître les liens. C’est la voie du shibari et la leçon de la femme ligotée.
Les liens en question sont multiples dans ce roman. Bien sûr, il y a les cordes utilisées pour ligoter des corps de femmes au cours de soirées très privées chez des collectionneurs, mais il y a les liens du sang aussi. Des voix s'affrontent dans le récit, pour mieux se compléter et ouvrir grand le champ des points de vue et celui des possibles. L'art des liens s'ouvre sur des enfants, sur leur univers, sur leurs préoccupations, sur leurs secrets, et il se referme de la même façon. Entre les deux, un personnage se démène pour rester à peu près debout et faire en sorte que tout ne s'effondre pas. Le lien central pourrait être ce personnage égaré dans un enchevêtrement de cordes, de nerfs, tantôt tendus à l'extrême, tantôt rompus et flottants, en quête de racines ou simplement de réponses. A une certaine époque, quelque part sur la toile, avec un groupe d'amis, nous avons tenté de recenser les romans noirs (ou gris) qui se déroulent dans le milieu de l'art, qu'il soit contemporain, moderne ou plus ancien, voire inclassable ; qu'ils nous aient saisis ou laissés perplexes. Figuraient dans la liste Hérésie, de Charles Willeford, Trois carrés rouges sur fond noir, de Tonino Benacquista, Clara ou la pénombre, de José Carlos Somoza, ou encore Le voleur qui aimait Mondrian, de Lawrence Block. Aujourd'hui, j'y ajouterais L'art des liens, pour le milieu de l'art que l'auteure investit en connaissance de cause et par sa griffe tantôt cruelle, tantôt insouciante, selon qu'il s'agit de la voix des maîtres ou de celle des enfants.