Il faudra bien que je te crée. Il faudra bien que je t'invente, faible corps, chair vivante, avec tes armatures, avec tes veines, avec tes os, et le... > Lire la suite
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Il faudra bien que je te crée. Il faudra bien que je t'invente, faible corps, chair vivante, avec tes armatures, avec tes veines, avec tes os, et le réseau du sang et le chemin des nerfs, avec tes dents et tes nervures, et l'ombre par dedans, la profonde, la chaude ténèbre. Avec l'ombre au-dehors, l'ombre vaste du corps qui couvre la moitié du monde. Que j'invente la jambe et la main, et le ventre et le sein ; la semence, et la réserve des semences. Il faudra que j'invente ce cri — la voix — ce cri plus grand que toi, et le parfum qui passe par-dessus les arbres, immense cette odeur qui te porte plus loin. Et les yeux. Ce regard qui accueille d'un trait, qui reçoit d'un seul trait la moitié de la moitié du monde, il faudra bien que je l'invente. Et tant pis qu'il te faille mûrir au milieu de l'été comme une herbe, et tant mieux qu'il te faille mourir à l'aube d'une autre journée. Sur le chemin de l'ombre et des constellations il faudra bien bâtir l'araignée et la rose.