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" L'affaire ne cesse pas de nous parler. Le sentiment national, le culte des hiérarchies, la peur des étrangers, la soif de sécurité, ce sont des permanences de la mentalité française que le XXème siècle n'a pas effacées. Il n'est pas exagéré de dire que le sentiment national a même gagné sinon en force, du moins en légitimité : deux guerres, la Résistance, la trahison d'une partie de la droite qui sacrifia son idéologie à ses intérêts de classe ont fait que la gauche, la gauche socialiste même la gauche communiste, a pris la relève. La ferveur patriotique, l'exaltation de la défense nationale sont devenues ainsi le fonds commun, réalisant, dans la paix comme dans la guerre, l'union sacrée, constituant l'indivis héritage. Le vieux discours barrésien sur la terre et les morts, sur l'antique cimetière, sur le culte de la France berce l'unanimité nationale, peut-être parce qu'il satisfait la mentalité ancestrale d'un peuple de paysans et de guerriers. Boulanger, Déroulède, Cavaignac, Barrès n'ont pas fini de nous tenir leur fier langage. La défense de la Nation, la grandeur de la France, le salut au drapeau, le respect de la raison d'Etat, les exigences de l'ordre, de la sécurité, et même l'envol de la Marseillaise, le pas fascinant de l'armée au 14 juillet : vieille idéologie rassemblant Jeanne d'Arc et Gambetta, caricaturée par Cavaignac, sublimée par Barrès, mise en œuvre par Clémenceau, renouvelée par de Gaulle, aujourd'hui célébrée par tous les partis et tous les hommes d'Etat ".