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A la fin du XIXe siècle, le rapporteur de l'Académie française constatait l'absence de candidat pour son concours, l'Éloge de Rotrou, et notait que désormais la critique s'était substituée à cet exercice autrefois souverain. Depuis, l'acte critique n'a cessé de se développer en affirmant son caractère autonome à l'égard de l'objet traité. Si, comme le pensait Paul Valéry, c'est le consommateur qui produit la valeur du texte, il ne semble souvent le faire qu'en prenant la distance maximale. Au plan de la transmission scolaire, la remise en cause de la connivence culturelle a fini de briser, du moins en apparence, ce qui restait d'empathie dans l'approche littéraire. Mais les études littéraires conservent-elles la moindre justification lorsqu'elles se fixent pour seule mission de décrire des modes de fonctionnement objectivement repérables, en évacuant les effets dès lors parasites qui viendraient d'un sentiment du beau, d'une effusion ressentie par une sorte d'instinct naturel ou au contraire dans la ligne d'un héritage socioculturel ? La crise de l'enseignement du français s'allie à un paradoxe étonnant : alors que les discours observent un éloignement grandissant du public scolaire à l'égard du fait littéraire, on prétend accroître ce même public en le soumettant à des approches de plus en plus exigeantes dans leur formalisme, et plus complexes que les démarches proposées autrefois à des élèves davantage " héritiers ". Aussi cet ouvrage se propose-t-il de faire rencontrer des auteurs, des critiques, des philosophes et des pédagogues autour de cette idée d'admiration, porteuse en elle-même d'une contradiction puisqu'elle peut se révéler source d'inspiration, qu'elle représente une de ces " manières de critiquer " explorées par notre collection du même nom, mais qu'elle peut aussi conduire au moins provisoirement au silence, à la sidération, à l'impossibilité de mettre en route la démarche critique. Admiration, sentiment qu'éprouve l'âme quand elle est ravie, frappée par les caractères du beau, disent les dictionnaires qui nous rappellent également que notre point d'exclamation peut être dit " point d'admiration ". Ainsi Paul Valéry, pourtant initiateur d'une critique formelle, placé devant ce vers de Victor Hugo, Un affreux soleil noir d'où rayonne la nuit, ne peut-il qu'écrire : " impossible â penser, ce négatif est admirable ". On voit donc qu'une telle question permet aussi bien une approche historienne, - les âges classiques semblant accorder une place éminente à une admiration quelquefois théâtralement exacerbée -, qu'une approche contemporaine, - les modernités entretenant un rapport plus secret, voire coupable, avec un sentiment qui paraît les mettre en défaut.