Cruelle existence que celle qui nourrit nos espérances et excite nos désirs afin de les réduire à néant ! Amère réalité que celle contre laquelle... > Lire la suite
Plus d'un million de livres disponibles
Retrait gratuit en magasin
Livraison à domicile sous 24h/48h* * si livre disponible en stock, livraison payante
23,50 €
Expédié sous 3 à 6 jours
ou
À retirer gratuitement en magasin U entre le 14 novembre et le 15 novembre
Cruelle existence que celle qui nourrit nos espérances et excite nos désirs afin de les réduire à néant ! Amère réalité que celle contre laquelle notre imagination - libre, illimitée et enivrante - vient finalement se briser ! A la recherche du temps perdu semble faire de ce constat une loi, et s'imposer comme le roman de la souffrance et de l'ennui : la réalité, ou du moins l'idée que l'on s'en fait, finit toujours par décevoir. Pourtant, il s'agit de montrer que cette insatisfaction naît d'un manque plus profond encore, inscrit au cœur du réel lui-même, dans sa présence immédiate et brute : notre rapport au monde révèle un manque, qui n'est pas rien, mais un manque-à-être, comme on parle d'un manque-à-gagner, et qui fonctionne comme le signe ou l'indice d'une vérité par-delà ou plutôt en creux de la seule réalité présente. Ce manque ou ce déficit est bien ce dont on fait l'expérience, ce qu'on ne peut s'empêcher de ressentir, et même ce qui définit le sens de l'expérience (le sens du sensible, par conséquent), tout en signifiant aussi, en pointillé, l'au-delà ou l'envers de cette expérience, sa face cachée, de laquelle Proust finit par extraire le sens de la littérature et de l'art en général. La littérature suit et file le réel dans sa propre dérive, et jusque dans sa doublure. C'est par le fil de la métaphore - désormais élevé au statut de " vision ", et non plus de " technique " - qu'elle tient au réel.
Miguel De Beistegui est professeur de philosophie à l'Université de Warwick (Angleterre) et professeur invité à l'Universita degli Studi di Milano (Italie).