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En 1790, Edmund Burke, observant depuis Londres le tour radical que prenait la Révolution française, se demandait comment les Français pouvaient, en si peu de temps et avec autant d'ardeur, détruire de fond en comble la forme politique, sociale et religieuse qui leur avait convenu pendant quatorze siècles. Ce détachement soudain et violent, cette irrésistible volonté de faire table rase du passé, devaient-ils quelque chose à l'ignorance de ce passé, et donc à une défaillance de l'historiographie du royaume, impuissante à pourvoir les Français d'une mémoire commune, comme avaient su le faire, pour les Romains, Tite-Live, Tacite et Polybe, et pour les Anglais l'historiographie postérieure à la " Glorieuse révolution " de 1688, notamment l' " Histoire d'Angleterre " de David hume ? Ou bien étaient-ils dus, pour ce qui concerne cri tout cas l'historiographie de la France, si abondante et vivace pourtant au XVIIIe siècle, à son caractère disséminé, à la diversité de ses genres, à la multiplicité des intérêts institutionnels que chacun d'entre eux représentait, aux interprétations contradictoires, partielles et polémiques qu'ils proposaient du passé français, et à l'absence d'une historiographie médiatrice capable de créer un consensus et de fonder sur d'heureux souvenirs partagés un fort sentiment d'appartenance à un socle ancien et fécond ? La crise profonde qui travaille la monarchie administrative du XVIIIe siècle, héritière encore brillante en apparence de la " contre-Révolution " dont Louis XIV et Colbert avaient été les architectes en 1661, ne s'est-elle pas réfléchie et aggravée clans cette historiographie éclatée, sourdement ou ouvertement virulente, et beaucoup plus propre à nourrir les ressentiments et le scepticisme qu'à créer adhésion et confiance ? Telles sont les questions que se sont posés INIarc Fumaroli, professeur au Collège de France et Chantal Grell, professeur à l'Université de VersaillesS~tint-Quentin-en-Yvelines, et qu'ils ont posées à une pléiade d'historiens et d'historiens de l'historiographie, au cours d'un séminaire-colloque du Collège. Les Actes amplifiés et enrichis qu'ils publient maintenant dans la collection dirigée par Yves-Marie Bercé font découvrir toute l'étendue du drame caché d'un royaume condamné à disparaître pour n'avoir pas su transformer son immense et longue mémoire en une histoire qui emporte sa propre conviction.