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Pourquoi Mommsen, peut-être « l’Allemand le plus célèbre de son temps », en tout cas un des plus grands historiens et érudits du XIXe siècle, n’a-t-il pas achevé sa fameuse Histoire romaine (1854-1856) ? Alors qu’il devait la conduire jusqu’à la fin de l’Empire d’Occident, voilà que cet homme ? pourtant travailleur infatigable ? s’arrête au temps de César, à la chute de la République, et renonce à écrire l’histoire de l’Empire. Recul d’un libre-penseur devant l’inévitable rencontre avec le christianisme ? Répulsion d’un libéral, partisan des régimes représentatifs à l’égard du pouvoir absolu des Césars ? La réponse est plus simple et plus intéressante, elle est d’ordre scientifique et méthodologique : c’est qu’entre-temps l’oeuvre immense de Mommsen avait rendu à la fois impossible et inutile d’écrire une histoire « événementielle » de l’Empire. On pouvait la remplacer par l’étude détaillée des institutions, des réalités sociales et politiques, que lui et ses élèves avaient menée à bien ailleurs. C’est pourquoi, vingt ans après, Mommsen se contenta d’écrire un Tableau des provinces de l’Empire (1885), qui reste, tout comme les premiers tomes de l’Histoire romaine, un chef-d’œuvre d’exactitude et de vie et une grande leçon de géographie historique. Ce volume contient : Livre V : La monarchie militaire, traduit de l'allemand par C A Alexandre ; Livre VI : Les provinces sous l'Empire, traduit de l'allemand par R Cagnat et J Toutain.
Membre de l'Institut, directeur de l'Ecole française de Rome de 1992 à 1995, Claude Nicolet était professeur émérite d'histoire ancienne à la Sorbonne et directeur d'études émérite à l'Ecole pratique des hautes études.