Les Alpes, et le Paysage en général, n'ont pas toujours exercé sur les peintres la fascination que l'on éprouve aujourd'hui à leur égard. L'histoire de leur rencontre est récente : elle commence au XVIIIe siècle, époque de profond changement des mentalités, siècle des Lumières, bien nommé donc, pour les peintres qui, comme les écrivains ou les musiciens, découvrent la nature, le paysage, le ciel, la Montagne. C'est cette passionnante histoire que Maurice Wantellet nous raconte, c'est ce merveilleux voyage que nous faisons avec lui, depuis les premiers " peintres touristes " anglais jusqu'aux impressionnistes, en passant par ces petits maîtres, romantiques ou réalistes, qui contre pluie, neige, glace ou soleil vont étancher leur soif de lumière, leur désir profond de peindre, enfin librement, l'émotion que la Montagne suscite en eux. De Grundman à Bourrit, de Bacler d'Albe à Mainssieux, de Rahoult à Linck, de Calame à Flandrin, de Morel à Jongkind, entrez dans ce superbe et surprenant musée. A travers les nombreux témoignages et lettres des peintres eux-mêmes, vous rentrerez, en toute complicité, dans leur monde de quête, parfois difficile, et d'enthousiasme. Dans sa préface, Paul Guichonnet rappelle le travail accompli par Maurice Wantellet depuis plusieurs années sur ce sujet, notamment dans ses livres sur les peintres du Dauphiné ; et il souligne la démarche originale de l'auteur qui se place dans la double perspective de l'histoire de l'art et de l'histoire des mentalités. Dans les chapitres consacrés aux XVIIe et XVIIIe siècles, Maurice Wantellet en effet, montre comment peu à peu une conscience se fait jour, et comment les peintres, ainsi que les écrivains et les musiciens, découvrent peu à peu le sentiment de la nature, et comment vers le milieu du XVIIIe, la Montagne les submerge d'une lumière créatrice. Au XIXe siècle ensuite la passion des peintres pour la Montagne évolue ; elle devient plus exigeante, d'abord plus réaliste, puis face à l'émergence de la photographie, cherche à se démarquer de ce réalisme premier pour trouver, plus profondément, l'essence même de l'art. Au XXe siècle enfin, siècle des bouleversements, les peintres désormais nommés " figuratifs " tentent de puiser de nouvelles forces dans les leçons de leurs maîtres face à " l'art moderne " dont ils se sentent étrangers.