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Ce corps physique, matériel, peut être touché, senti, contemplé. Les savants le manipulent et le dissèquent. Ils mesurent sa masse, sa densité, son volume, sa température. Ils analysent son mouvement. Ils le travaillent. Mais ce corps des anatomistes, des physiologistes et des gymnastes diffère radicalement du corps qui souffre ou qui jouit. Or, le plus souvent, les historiens se sont montrés oublieux de la tension instaurées entre l'objet de science, de travail, le corps productif, expérimental, le corps inclus dans l'univers technico-scientifique contemporain et le corps qui éprouve le plaisir ou la douleur. C'est le rétablissement d'un équilibre entre ces deux perspectives qui est tenté dans ce livre. Le long XIXe siècle dont il est ici question était en outre suffisamment riche de novations pour justifier que l'accent fût mis sur des processus aussi actifs que l'emprise de la médecine anatomo-clinique et de la phrénologie, l'avènement de l'anesthésie, l'élaboration d'un imaginaire de la relation charnelle, l'émergence de la sexologie, l'essor de la gymnastique et du sport, l'apparition de nouvelles machines imposées par la révolution industrielle, ou le dessin de nouvelles représentations sociales du corps.