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As des as, à qui on attribue toutes les vertus, éblouissant (cinquante-trois victoires), Guynemer vit à peine le temps de devenir superstar et à 22 ans il disparaît dans le ciel. Comme Mermoz. Comme Saint-Exupéry. Pour mettre fin à son existence inouïe, presque illégale, immatérielle et incroyable, il n'y a que cette note, le 12 septembre 1917, sur le carnet de comptabilité en campagne de l'escadrille nº 3 : "1 capitaine disparu". De lui, il reste un nom étrange, une figure d'illuminé, un regard volontaire, habité d'une chose inconnue, presque d'halluciné. Et une légende. Toute neuve. Elle sent les relents des popotes d'officiers de campagne, l'hûile de ricin des moteurs Gnome-Rhône, l'odeur de pétrole brûlé des petites torpédos qui s'arrêtaient devant chez Maxim's et le Fouquet's. Légende encore avec la douce haleine des fourrures d'actrices, l'âcre fumée des obus, la teinture d'iode des hôpitaux, et l'encens des grand-messes. Héros de légende, héros rimbaldien, habité d'une quête, vague et terrible, d'absolu, mais qui, lui, ne renonce à rien. Le monde aura toujours besoin de saints et de poètes, de salauds et de héros. En voilà un, doublé d'un chevalier, tellement plus grand que sa légende. Il n'y en a plus. C'est le dernier. Et voilà qu'il revit. Jules Roy, l'auteur de La Vallée heureuse et ancien pilote lui-même, a enquêté pendant plusieurs mois auprès de la famille et des survivants ; il a fait parler des témoins que personne n'avait jamais interrogés. Et voici que derrière des révélations étonnantes sur Guynemer, sur ses amours avec Yvonne Printemps, sur sa mort, surgissent enfin l'émotion, la foi, le lyrisme, le doute, l'hésitation, la vraie étoffe d'un homme.