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Longtemps, elle en avait voulu à ses parents. Quelle idée sotte d'appeler une fille Gertrude... Pour Gertrude, c'est le baptême du feu. Une classe de terminale. Des adolescents à peine moins âgés qu'elle. Leur enseigner la philosophie, mission impossible ? Elle tente le pari. L'auteur nous propose un curieux huis-clos. Spontanée et dégagée de toute prétention à l'objectivité, la cruauté interrogative de Gertrude pousse les élèves à découvrir leurs convictions, leurs impasses, leurs failles, qui structurent, comme des leitmotives, leur relation au monde. Gertrude elle-même n'en sort pas complètement indemne d'autant que la vie lui réserve quelques surprises. Ode au dialogue philosophique, ce livre n'offre à prime abord aucun palliatif à la froide réalité d'un monde où Dieu, le vrai, le bien, la vie, la mort, sont devenus des abstractions. Le lecteur trop pressé pourra trouver vaine et insensée une démarche qui donne l'impression d'avancer en tournant sur elle-même. Il faut accepter de se laisser entrainer dans l'orbe de cette pensée spiralée pour déceler en arrière-fonds l'écho d'une musique, l'esquisse d'une danse, l'espoir d'une guérison. Derrière le chaos apparent des idées émerge alors la promesse d'un nouvel ordre, d'une nouvelle harmonie, d'un "nouvel amour" aurait dit Rimbaud. Le second roman de Gérard-Noël Hesse, servi par une plume toujours aussi incisive et parfois teintée d'un humour corrosif, ne dissout pas les questions dans le simulacre de réponses toutes faites et confronte le lecteur à ses propres interrogations sur l'évolution du monde. Derrière chaque réponse se cache une profondeur qui, dévoilée, masque un fond encore plus profond.