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A force d’être invoquée, la laïcité se brouille. Un vrai champ de bataille. Dans cet essai précis pédagogique et vivant, Caroline Fourest distingue trois laïcité en guerre. La laïcité tout court, fruit du compromis de 1905. Et deux tentations qui cherchent à la renégocier. La première dans un sens multiculturaliste, anglo-saxon et dit « ouvert », au risque des accommodements déraisonnables, d’une « liberté religieuse » envahissante, et de faciliter la montée des intégrismes. L’autre tentation relève du monoculturalisme, normatif, identitaire, replié, à géométrie variable, flattant l’identité et les passe-droits quand il s’agit de parler au nom de l’identité chrétienne et l’exclusion voire la discrimination quand il s’agit d’Islam. Ecartelée entre les deux, la laïcité tout court, sans adjectif, est elle-même tiraillée par un nouveau contexte, qui n’est plus celui de 1905, et peut aller d’une vision équilibrée à une vision plus exigente. Caroline Fourest défend ici une vision équilibrée de la laïcité mais sans concessions envers ceux qui cherchent à l’affaiblir. Elle pose les bases d’un compromis et d’une séparation revivifiés. Un équilibre fait de distinction claire entre l’espace public et privé, entre les différentes niveau d’exigences selon qu’il s’agisse d’espace de liberté ou de contrainte, tout en plaidant pour une vigilance de tous les instants envers les propagandes qui voudraient faire passer ce compromis pour de l’intolérance. Cette laïcité n’est ni fermée ni « ouverte «, ni négative ni positive, ni raciste ni « islamophobe ». Mais le fruit d’une ambition et d’un effort qu’il faut poursuivre, notamment à l’école, si l’on veut vraiment protéger la liberté de conscience (dont la liberté de culte), l’émancipation, l’égalité, la fraternité et en un mot, la République.
Caroline Fourest enseigne à Sciences-Po sur "Faire société universalisme vs multiculturalisme" et tient une chronique à Marianne. Elle est l'auteur de nombreux essais, dont Eloge du blasphème (Grasset, 2015).