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Les gardes sont présents en grand nombre dans les quartiers des classes dominantes de Delhi, comme dans les centres commerciaux. Ils marquent le territoire qu'ils surveillent comme étant celui des classes moyennes et supérieures. Les gardes sont avant tout des travailleurs pauvres, présents dans les quartiers riches grâce à l'uniforme qu'ils portent et qui les distinguent des autres pauvres, qu'ils tiennent à distance. Non seulement les lois et règlements qui encadrent la sécurité privée à Delhi sont empreints de contradictions internes, mais ils sont surtout ignorés. Il ne s'agit pas d'un affaiblissement de l'Etat, mais d'un renforcement de la position des classes moyennes et supérieures dans le contrôle de la ville. Il n'y a pas de privatisation nouvelle d'un service qui aurait été public, mais une gestion via le marché des sociétés de sécurité qui remplace l'emploi individuel de gardes en tant que chowkidars. L'économie politique de Delhi dépend du travail déqualifié des gardes de plusieurs manières. Le secteur de la sécurité absorbe une partie de la main d'oeuvre surnuméraire tout en limitant les frictions entre les classes dominantes et les autres. Damien Carrière est géographe et urbaniste, chargé de cours à Nanterre Université et associé de recherche au CESSMA. Son travail porte sur la fabrique de l'espace urbain, en particulier en Asie du Sud.