Biographie de Didier Daeninckx
Didier Daeninckx est né à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, en 1949. Son nom, d'origine flamande, lui vient d'un grand-père déserteur pendant la Première Guerre mondiale. Daeninckx grandit dans un milieu ouvrier engagé et reste attaché toute sa vie aux quartiers populaires de Seine-Saint-Denis. Dès l'enfance, Daeninckx lit énormément. Il adore Conan Doyle, l'inventeur de Sherlock Holmes, Simenon, le créateur du commissaire Maigret, Jack London, Prévert, la poésie surréaliste, le roman noir américain.
Il aime les livres qui sondent la ville, la nuit et surtout la part maudite de la société. Renvoyé du lycée à seize ans, Daeninckx, obligé de travailler, devient imprimeur de 1966 à 1975, une profession qui s'inscrit dans une tradition d'ouvriers lettrés et engagés. Il écrit alors son premier roman, Mort au premier tour, qu'il envoie chez dix éditeurs. Il essuie neuf refus, mais son manuscrit lui permet de trouver un emploi dans une municipalité qui cherche un journaliste.
Ce métier lui apprend l'investigation et l'observation, méthodes qu'il reprendra pour l'écriture de ses romans. Daeninckx part en effet en repérages avant d'écrire : il s'imprègne des paysages, s'inspire des personnes qu'il rencontre, de ce qu'il observe, des conversations qu'il surprend. Aussi considère-t-il son travail de journaliste comme un "stage d'écriture". Cinq ans après avoir envoyé son manuscrit, il reçoit enfin une réponse de la dixième maison d'édition contactée, qui le publie.
Daeninckx publie alors coup sur coup trois livres (Meurtres pour mémoire, Le Géant inachevé, Métro police) dans la collection "Série noire" de Gallimard. C'est une collection mythique pour l'amateur de roman noir, surtout depuis qu'elle publie Jean-Patrick Manchette, un écrivain qu'il admire. Daeninckx y crée le personnage de l'inspecteur Cadin, un antihéros désespéré, et continue de publier de nombreux romans noirs.
Ce genre, qui s'apparente au roman policier, s'en distingue cependant en privilégiant la critique sociale et politique. L'écriture de Daeninckx est en effet constamment marquée par le sentiment de révolte et d'injustice. Dans ses romans comme dans ses essais, ses cibles principales sont les apôtres du colonialisme mais aussi ceux du négationisme (la négation de l'existence des chambres à gaz durant la Seconde Guerre mondiale).
Très attaché à la banlieue populaire où il ne cessera d'habiter, l'auteur se considère comme un "griot de Seine-Saint-Denis, un raconteur d'histoires". En 1994, Daeninckx reçoit le prix Paul-Féval de littérature populaire pour l'ensemble de son oeuvre. Ses livres sont actuellement traduits dans une vingtaine de langues. Avec Raconteur d'histoires il est publié en 2003 dans la prestigieuse "Collection blanche" des éditions Gallimard.
Pour cet auteur qui ne cache pas les difficultés qu'il a éprouvées à s'assumer comme écrivain il avait en effet l'impression de trahir sa classe sociale, c'est une consécration. C'est aussi le signe qu'il est parvenu à donner leurs lettres de noblesse aux voix des opprimés.