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Gérard Macé n'est pas un lecteur comme les autres : il lit par-dessus l'épaule des poètes, et derrière les feuillets du livre, ou dans ses marges, il cherche un chiffre caché, le blason secret ou le "spectre" de ceux qu'il étudie, en ne perdant jamais de vue le point de fuite de leurs oeuvres (silence, musique, folie, suicide, Harar ou Chine...), ni les rigueurs d'une forme qu'ils ont été contraints d'inventer. Le paragraphe qui ouvre le livre semble contenir en lui tous les motifs qui seront développés non seulement dans le premier essai (sur Nerval), mais encore dans les quatre suivants : l'homme gauche, le biographe qui s'ignore, l'autre en soi ou le sosie se retrouvent dans l'évocation de Corbière, de Rimbaud, de Mallarmé, de Segalen. Car leur vie (dans les traces écrites qu'ils nous en laissent) ou leur façon de mourir changent après-coup le sens de leurs écrits, comme le fait notre lecture elle-même. C'est que le poète anticipe sur sa propre fin, "prépare la place où viendra s'installer le lecteur".