Charles Baudelaire avait ses haines et ses adorations. Entre ces deux pôles, fort peu de place (une "peau de chagrin"), toute son oeuvre en témoigne.... > Lire la suite
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Charles Baudelaire avait ses haines et ses adorations. Entre ces deux pôles, fort peu de place (une "peau de chagrin"), toute son oeuvre en témoigne. Un tel homme, surtout quand il s'agit d'un artiste, reçoit en général la monnaie de sa pièce de la part des critiques : ils vénèrent ou ils détestent. Dans cet ouvrage, Pierre Trahard se livre à un exercice périlleux, singulièrement dans le cas de Baudelaire : tenter, en se concentrant sur les poèmes, une critique objective. L'auteur, relisant Les Fleurs du Mal, doit contenir l'effet d'emportement violent et passionné sans cesse alimenté par le poète, pour apercevoir ce qui est masqué, précisément, par cet effet de lecture purement nerveux. Quand la marée se retire, qu'observe-t-on sur le "coeur mis à nu" de l'estran, tant en ce qui concerne le style, les thématiques ou la portée de l'oeuvre ? Le compte-rendu peut sembler assez sévère. Mais l'homme qui le dresse aime suffisamment Baudelaire pour être impartial. Si, contre la figure-archétype d'Hugo, Pierre Trahard reproche in fine l'absence d'universalité de l'oeuvre poétique, il est sûr, pour celle-ci, de son immortalité : "Même en cas de naufrage, Baudelaire a donc le droit d'espérer, s'il est vrai que plus tard, bien plus tard, tout au fond des âges à venir, et par-delà l'infinité des temps, quelques beaux vers chanteront dans la mémoire des hommes". A tout prendre, cela vaut déjà beaucoup...