Biographie de Marcel Mouloudji
Marcel Mouloudji naît à Paris le 16 septembre 1922 d'une mère bretonne, catholique pratiquante, et d'un père d'origine kabyle, qui travaille comme maçon. La famille Mouloudji vit dans un modeste logement du XIXe arrondissement de Paris. Marcel suit son père aux meetings communistes. Avec son frère André, il exerce une quantité de petits métiers de rue, dont celui de chanteur. En 1935, il fait la connaissance de Sylvain Atkine, metteur en scène pour le groupe Octobre.
Le jeune homme est adopté par le monde du théâtre, rencontre Jean-Louis Barrault, Roger Blin, et Marcel Duhamel qui l'initie à la littérature et à la poésie. Il prend des cours avec Charles Dullin et participe, en 1936, à l'immense mouvement artistique solidaire des grèves, en jouant dans les usines. Parallèlement au théâtre, Mouloudji débute une carrière au cinéma. Via Jacques Prévert, il rencontre Marcel Carné qui lui donne un petit rôle chantant dans Jenny en 1936.
Il joue ensuite dans plusieurs films, dont Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque en 1938. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il continue à travailler. Grâce à son frère André, il évite le Service du Travail Obligatoire (STO). Après un court séjour en zone libre, il retourne à Paris où il découvre le milieu artistique de Saint-Germain-des-Prés. C'est dans ce contexte qu'il écrit Enrico, où il évoque son enfance, ouvrage qui recevra le prix de la Pléiade en 1944.
C'est également pendant la guerre que Mouloudji fait la connaissance de Louise Fouquet, qu'il épouse. Elle sera son agent artistique jusqu'en 1969. Vers 1947, il se met à la peinture et continue à travailler pour le cinéma. Puis, en 1951, il enregistre son premier disque où figure "Si tu t'imagines". A cette époque, il apparaît sur la scène du grand music-hall Bobino, et par l'entremise de Jacques Canetti, l'agent artistique et patron des Trois Baudets, Mouloudji va connaître le succès.
"Comme un p'tit coquelicot" reste une chanson mythique, qui lui vaudra le Grand Prix du disque de l'Académie Charles-Cros en 1953. Toujours engagé et militant pacifiste, Mouloudji rencontre quelques problèmes avec la censure au moment de la guerre d'Indochine, à cause de la chanson "Le Déserteur ", manifeste antimilitariste écrit par Boris Vian. En 1961, il crée son propre label de disques sous forme d'une coopérative et, fidèle à ses convictions, il participe à l'enregistrement d'albums consacrés aux chants de la Commune et de la Résistance.
Un vaste public est toujours au rendez-vous lors de ses concerts et récitals, en 1974 au Théâtre de la Renaissance, en 1975 à l'Olympia. De 1980 à 1987, il donne d'innombrables concerts à travers toute la France. Il s'éteint le 14 juin 1994, alors qu'il avait de nombreux projets en route : la rédaction de ses mémoires, un nouvel album. Mouloudji a exploré maintes facettes des arts : le théâtre, le cinéma, la peinture, l'écriture, et bien sûr la chanson.
Il restera à jamais un homme dont l'oeuvre mêle sensibilité et générosité.