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L'objet de cet essai est l'écriture, réfléchie au miroir des inscriptions. L'écrivain suit sa " ligne somnambule " (Michaux), " avance dans le noir et plante des signes " (Octavio Paz), et tente d'éclaircir son geste obscur. Faute de savoir clairement ce que sont les traces qu'il laisse, il entrevoit parfois à quoi elles ressemblent : des traits dans le sable, des tatouages sur la peau, des lettres sur une tombe, des encoches sur l'écorce des arbres, des graffiti aux murs, des signes d'écume, des noeuds d'air... Nées de gestes de l'enfant, compliqués et ritualisés par l'adulte, ces inscriptions ont semblé des révélateurs de l'écriture, qu'elle s'appuie sur leur exaltation ou grandisse sur leurs ruines, que l'écrivain les déchiffre ou rêve d'en graver. Quand le texte de l'inscription s'élève à l'impersonnel, que résonne à travers un discours subjectif la voix de Personne, c'est le désir de tous et de chacun, les jeux de l'enfant, l'inconnu de l'origine, l'angoisse de la mort qui s'exposent. Si l'écrivain entrevoit ses fantasmes, choisit un modèle imaginaire, gravures dans la pierre ou traces dans le sable, l'inscription se révèle alors comme une microécriture où se condensent les enjeux du macrocosme de son oeuvre.