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Ce petit livre tient de l'automédication. Il est né d'un texte d'humeur publié en revue1, que j'avais écrit pour me décharger de la bile accumulée après une longue fréquentation de la presse et des radios, simple saignée verbale pour combattre une lente intoxication à l'anglais. Ma guillotine ayant reçu bon accueil, l'éditeur d'Obsidiane m'a demandé de l'amplifier pour cette collection de "placets invectifs". Placet dit sa nature : "écrit adressé à une personne détenant un pouvoir pour lui demander justice". Invectif dit son humeur. Quant à sa méthode, elle doit presque tout au hasard. Ayant glané durant quelques mois ce qui se présentait touchant mon sujet – enseignes et affiches des rues, propos entendus à la radio, diatribes sur les réseaux sociaux, citations prélevées durant mes lectures –, et ayant rappelé à moi, du fond de mon Monomotapa, quelques leçons tirées de mon expérience professionnelle, j'ai vu les idées naître spontanément : je me suis contenté de les organiser aussi clairement et distinctement que possible, selon les recommandations de l'école. Pour n'être ni sociologue (mais quand on a appris à lire dans Jules Verne et à penser dans Engels, n'en sait-on pas assez ? ), ni linguiste, hélas (ce vieux rêve qui me poursuit : gravir l'escalier en spirale de la tour de Babel et posséder toutes les langues...), pour n'être ni Bruno Latour ni Claude Hagège, doit-on se priver de raisonner de la société et de la grammaire, comme tout un chacun ?