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Instrumentale et fonctionnelle, la description littéraire n'a guère, semble-t-il, les faveurs du lecteur moderne fâché de tout ce qui "retarde", à la manière d'une digression, le déploiement des épisodes ou le cliquetis des dialogues. Décrire relèverait d'une écriture réaliste, inféodée à un univers quantifiable dans sa matérialité la plus stricte. La description a-t-elle été condamnée pour autant à rester au service d'une entreprise "naturaliste" de désidéalisation du monde ? Est-il vrai, comme le suggère Roland Barthes, que la "beauté (contrairement à la laideur) ne peut vraiment s'expliquer : elle se dit, s'affirme, se répète en chaque partie du corps mais ne se décrit pas" ? Or, ce même lecteur aujourd'hui si pressé garde le souvenir de pages, de strophes, de paragraphes, dans le détail desquels le temps s'est arrêté, permettant aux mots d'exhaler tous leurs sens, connotations et fortunes diverses, leur atmosphère enfin, leur histoire propre. Le vocabulaire mis en œuvre - seule richesse communément admise - tend à se constituer en réalité autonome, celle d'une langue spatialisée se donnant en spectacle, dénudant tous ses jeux. Texte abondant souvent, bref ou elliptique parfois, le réseau descriptif a l'étrangeté familière du "déjà vu" ou reconnu - et la puissance de l'énigme.