Biographie de Christophe Maout
A peine âgé d'une dizaine d'années, Guilhem Lesaffre s'intéresse déjà à la nature. Minéraux, herbiers et papillons le passionnent d'abord, puis les oiseaux entrent en scène. Depuis maintenant plus de quarante ans, il leur consacre une part importante de son temps. Qu'il s'agisse de les observer ou de les étudier, il ne cesse de s'émerveiller de leur beauté, de progresser dans la connaissance de leur comportement.
Engagé depuis longtemps dans la démarche associative pour participer à la préservation des oiseaux, plus que jamais nécessaire aujourd'hui, il est administrateur de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). A travers les nombreux ouvrages dont il est l'auteur et les émissions de radio auxquelles il participe, il s'efforce de rendre accessibles au plus grand nombre les secrets des oiseaux tout en aidant à la prise de conscience des enjeux actuels de la protection de la nature.
Il réside en Bretagne, en contact quotidien avec les oiseaux qui vivent autour de lui. " Il faut défamiliariser, porter l'attention sur ce que l'habitude a recouvert, je m'intéresse aux choses transparentes". Durant le confinement du printemps 2020, Christophe Maout regarde la ville prise dans le silence, désertée par le trafic urbain. Depuis le balcon de son appartement, situé au dernier étage d'un immeuble boulevard Voltaire, à Paris, il voit le ballet des oiseaux, enfin débarrassés de toute perturbation humaine."Paris est une ville inphotographiable parce que trop photographiée", mais durant ces longs mois l'espace parisien est métamorphosé.
Martinets noirs, corneilles ou pigeons semblent les seuls habitants d'une cité abandonnée. Les toits des immeubles, l'horizon, les nuages, les lumières du crépuscule : une autre ville émerge, se dessine. Pour mieux observer, saisir ce temps suspendu dans lequel évolue alors les oiseaux, Maout cale sur l'objectif de son appareil photo une paire de jumelles. Le jeu des optiques opère : il capture, tel un ornithologue, la vie secrète des ciels de Paris.
Longs vols planés, fondus en piqué, moments de repos perchés sur des cheminées, les oiseaux se détachent sur des ciels mordorés, émergent de derrière des nuages qui évoquent la palette des peintres vénitiens du XVIe siècle. Le monde est onirique, les lois de la gravité ont disparu. Christophe Maout observe et donne ainsi accès à un monde hors sol, espace jusqu'alors uniquement réservé au monde animal.
Ses images nous transportent par-delà notre quotidien, nous permettent de voir à la dérobée, comme à travers un oeilleton - le plaisir du voyeur est enfin permis. Se dévoile alors un monde "supra urbain", qui ne nous était presque jamais perceptible. Photographe de presse, Christophe Maout s'intéresse à la place de la nature dans l'environnement urbain. En 2005, sa série Printemps mettait en scène les grands ensembles et la nature qui s'y glisse, tandis que dans Totems (2009) les poteaux électriques devenaient des colonnes végétales.
Les images de Maout entendent "re-poétiser" l'espace urbain, les immeubles sont appréhendés à travers leurs suggestions plastiques et la nature n'est jamais loin. Ses images sont présentes dans de nombreuses collections privées en France comme à l'étranger, ainsi que dans des collections publiques, parmi lesquelles celle de la Bibliothèque nationale de France.