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Prélevées dans son abondante correspondance, ces dernières lettres sont souvent rédigées en français, à cause des nécessités de la communication ou des contraintes de la censure qui s'exerce sur le courrier à partir de septembre 1939. La correspondance éclaire également les démêlés de l'exilé avec l'administration : Benjamin (qui est officiellement destitué de la nationalité allemande en 1939) tente d'abord d'obtenir la nationalité française, puis s'efforce de réunir les documents nécessaires à la délivrance d'un visa pour les Etats-Unis, où l'attendent Horkheimer et Adorno. Non moins émouvantes sont les lettres qui évoquent les longues semaines passées, à l'automne 1939, dans le camp où Benjamin est interné à proximité de Nevers. Dans son ultime message d'adieu, daté du 25 septembre 1940, Benjamin, sur le point de mettre fin à ses jours, évoque " toutes ces lettres que j'eusse voulu écrire ". A défaut de pouvoir les lire, celles qu'il a réussi à arracher au désastre composent un portrait bouleversant de l'auteur.
Né à Berlin en 1892 au sein d'une famille juive assimilée, Walter Benjamin s'est donné la mort en 1940, alors qu'il tentait de franchir les Pyrénées, dans l'espoir de fuir l'Europe nazie pour les Etats-Unis.