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La genèse du violon est à la fois complexe et controversée. Où l'instrument est-il apparu ? Quelles sont ses caractéristiques constitutives ? A l'heure actuelle, ces questions n'ont reçu aucune réponse définitive. L'ouvrage que voici a pour but de jeter un éclairage nouveau sur le problème. Il s'articule en trois chapitres. Le premier consiste en une étude terminologique, indispensable à l'interprétation des sources écrites. Le chapitre suivant retrace ce que l'on sait de l'évolution technique de la lutherie depuis le Moyen Age jusqu'au début du xviie siècle. Le dernier chapitre est consacré aux écrits théoriques qui éclairent l'histoire ancienne du violon. L'auteur s'efforce de répondre à plusieurs difficultés méthodologiques qui doivent être prises en considérations dans l'étude de l'émergence du violon. 1) La plupart des instruments à cordes antérieurs au xviie siècle conservés dans les musées présentent de sérieux problèmes d'authenticité. Généralement, ils ont fait l'objet d'importants remaniements et ne constituent pas des témoins fiables de la lutherie de l'époque à laquelle ils sont attribués. Pour cette raison, dans la présente recherche, une place fondamentale est réservée à l'iconographie. 2) L'organologie du xxe siècle a eu tendance à se fonder sur des typologies relativement figées, dans lesquelles chaque instrument trouve sa place de manière univoque. Néanmoins, l'iconographie de la Renaissance livre le témoignage de nombreux instruments difficiles à classer en ce qu'ils présentent des caractéristiques propres à différents types instrumentaux. La variabilité de la lutherie ancienne va de pair avec une grande instabilité terminologique. Entre les principales langues européennes, on observe, pour un même nom d'instrument, des glissements de sens plus ou moins importants. L'auteur démontre l'importance, dans le domaine de l'organologie, de distinguer les faits de langue de l'évolution morphologique des instruments eux-mêmes. 3) En raison de l'aura particulière dont jouit le violon depuis le xixe siècle et des mythes qui se rattachent à son histoire, l'apparition de l'instrument est souvent analysée en partant de sa morphologie au xviie siècle, pour ensuite reculer dans le temps en quête de témoignages plus anciens. Cette attitude fait l'impasse sur de larges pans du cadre historique et organologique de l'avènement du violon, qui n'est au départ qu'un instrument de ménétrier. L'auteur propose au contraire d'aborder l'histoire du violon en partant de l'instrumentarium médiéval, afin de cerner l'évolution des instruments à archet dans leur ensemble, du xve siècle au début du xviie siècle. Ce point de vue fait ressortir l'importance de l'histoire des techniques comme moteur de l'évolution de la lutherie. 4) Plusieurs traités théoriques entre la fin du xve siècle et le début du xviie siècle offrent des informations intéressantes sur l'histoire ancienne du violon. Cependant, ces documents, rédigés dans différentes langues, sont souvent cités de seconde main, en dehors de tout contexte. Le dernier chapitre de la monographie tente de pallier ce problème en offrant une vision d'ensemble de ces sources, traduites et analysées à la lumière des informations fournies dans les deux premiers chapitres. Anne-Emmanuelle Ceulemans est conservatrice de la collection des instruments à cordes au Musée des intruments de musique de Bruxelles. Elle enseigne également à l'Université catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve et à l'Institut de musique et de pédagogie à Namur.