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Voici le premier livre, non seulement d'un fils de libraire, mais le premier livre fils des livres. Le De antiquissima sapientia italorum (1710) élève en effet soudainement à la hauteur métaphysique ce qui se préparait depuis dix ans dans les Discours inauguraux, et en particulier dans le dernier de ceux-ci, De la méthode des études de notre temps : L'union de la philologie et de la philosophie pour mener LE combat avec Descartes. On sait qu'il durera quinze ans pour Vico (jusqu'à l'assaut final de la Scienza nuova en 1725). On sait aussi (au moins depuis l'essai de B. Croce de 1910, relayé en Allemagne par Windelband à partir de la 5e édition de sa Geschichte der neueren Philosophie, Leipzig, 1911, qui sortirent le Napolitain d'un oubli dont le "rayonnement" français était la cause principale) que ce combat ne s'arrêtera plus : venue de Platon et d'Aristote, mais aussi de tous les Latins (de Plaute, entre autres, dont le Cogito apparaît littéralement le "Sosie"), à travers les écoles scottiste et ockhamienne, passant ensuite par Marsile Ficin et Cardan, la pensée vichienne puise dans le trésor des langues la force de libérer la pensée moderne de ses limites cartésiennes, inaugurant une sorte de deuxième tradition (qui pourrait bien être la reprise de la modernité au sein de LA tradition, tout simplement). Reprise critique et extension en même temps, puisque, du centre métaphysique que constitue la pensée du VERUM IPSUM FACTUM, la pensée philologue s'étend, avant Rousseau, avant Nodier, avant Hegel, sur les langues, sur le droit, sur l'histoire. Non sans préfigurer (ce qui n'a pas été montré encore, malgré certaines prémonitions de Croce) la critique kantienne elle-même. Autant dire que notre temps appartient à ce livre et que Vico est bien, comme le nommait Gœthe, "der Altvater".