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On croit que la mort est venue et repartie ; que l'enfance est partie et revenue ; qu'elles se parlent. Du moins le crois-je, par moments. Mais c'est " je " qui s'y croit ; sa chance (imméritée) est que les poèmes, eux, n'y croient guère. Ils prennent un autre cours. Non pas récit, ni plaidoirie : éclats formés par le temps variable ; écrans où naissent d'autres empreintes - de vies réelles et proches, dans leur envie ou leur peur de finir. Du moins ce que j'en ai perçu, le nez dessus. Non que des bribes émane l'innocence, ni le vrai ; elles permettent aussi bien la fuite et l'à-peu-près. Mais si un poème existe, c'est sans mûrir sa justification ; c'est aux dépens de mots qui dans son cas - sous sa peau - baratineraient. Quand je dis mots, il suffit d'une syllabe ; là d'abord est la preuve, le recours. Il arrive qu'on sache pourquoi un poème bouge ; ou qu'on se borne à sentir ce qu'il sent. Encore faut-il, éclairé ou aveugle, qu'on l'en croie.
François Cornilliat, né en 1958, vit aux États-Unis. Crédule est son troisième recueil de poésie, après No wonder (1995, Belin) et Grotesques (2001, Circé).