Course est un recueil de dessins d'Alex Baladi, illustré par les textes d'Yves Lador. A l'origine, il y a une exposition d'Alex Baladi à L'Atelier 20 de Vevey, des dessins originaux au format A4 qui déroulent une galerie de personnages, de motifs et de techniques (le teckel, le cow-boy, le ballon, l'os, la fuite, la saucisse, etc., à l'encre réhaussée de blanc, aux crayons de couleurs, sur papier blanc, noir, quadrillé, cartonné, kraft).
A mesure qu'on passe d'un dessin à l'autre, le visiteur de l'exposition se faisait son histoire, pratiquant l'art subtil de la narration séquencée et ses ellipses tel qu'il a été établi, entre autres, par Pierre Yves Lador ("L'étang et les spasmes dans la bande dessinée"). C'est précisément Lador, écrivain complet et homme curieux par excellence, multi-spécialiste comme au temps de la Renaissance, qui s'empare des dessins de Baladi pour en faire un récit en contrepoint, en spirales, et offrir par là un éclairage inédit aux dessins de Baladi.
Qu'on n'y trompe pas, Course est pensé comme une bande dessinée en ce sens que les tableaux, comme autant de cases, se succèdent et se répondent pour faire un récit. Le récit est ouvert, cryptique par le jeu des ellipses fondamentales au genre, possiblement onirique, forcément symbolique. Ce sont les motifs récurrents, mentionnés plus haut, et quelques autres, qui lient les tableaux et, par conséquent, font écho à l'intelligence (soit, étymologiquement l'art de faire des liens) du lecteur/spectateur.
Narrativement, en arrière-plan des motifs récurrents, il y le thème voulu par le dessinateur Baladi, le seul mot qu'il donne, qui motive le récit, en détermine l'action : la course. Les personnages, sur leur starting-block au départ, partent, courent, vont, prennent la tangente, fuient, dans les trois, voire quatre dimensions (transcendant certainement, par là, les deux de la feuille), incertains, paniqués, goguenards, absurdes.