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Le «chez soi» est devenu un concept qui fait vendre. Essor sans précédent des magasins de décoration, accumulation des émissions de télé-réalité filmant des personnes chez elles, dans l'intimité de leur quotidien... La dimension publique pénètre dans la sphère privée. Sarah Hildebrand choisit, elle, de renouer avec un traitement intimiste du chez soi. Au pavillon de banlieue répondant au rêve que l'on nous vend, l'artiste préfère explorer la notion de l'habitat à partir du corps, des mots, des couleurs et des odeurs. Elle se forge une intimité personnelle, faite de récits, de voyages (elle multiplie les sous-locations, les échanges d'appartement), de souvenirs et d'excursions dans des maisons étrangères (elle souligne alors le paradoxe inhérent à sa démarche, la forme de voyeurisme qui fait partie intégrante de son travail, comme ce jour où en quête de lieux abandonnés par leurs habitants, elle pénètre dans l'appartement d'une personne décédée avec «une troublante sensation; celle de [s'] introduire comme une voleuse dans l'intimité d'un inconnu, de surcroît disparu»). Lors d'un étrange séminaire, elle entend une femme dire «mon corps est ma maison»; à cette phrase, Sarah Hildebrand semble ajouter «mon corps est une maison de mots»: une maison où les Berlinoises s'appelle Paris, où les draps sont des arc-en-ciels, où les habits et les mugs ont des noms et où les trésors de l'enfance sont cachés sous les lames du parquet.