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Mai 1981 : au cours du tout premier Conseil des ministres de son septennat, François Mitterrand demande à son ministre du Travail, Jean Auroux, de lui remettre un rapport qui présenterait les moyens concrets de parvenir à la "démocratie économique" qu'il a promis de réaliser. Toute à l'euphorie de sa victoire électorale si longtemps attendue, la gauche brûle de "changer la vie", et pour cela de changer le travail lui-même. Au cabinet de Jean Auroux, une jeune énarque, Martine Aubry, jette les bases de la législation nouvelle. Préparée aussi par de nombreux débats dans les années 1970, l'avancée sociale attendue doit être à la hauteur des précédents de 1936, 1945 et 1968, et permettre de "changer de société". Décembre 1982 : quelques mois avant le tournant de la rigueur, la quatrième et dernière loi Auroux sur les droits nouveaux des travailleurs est discrètement promulguée. A l'issue de plus de dix-huit mois d'intense activité réformatrice, et après d'interminables débats parlementaires, un tiers du Code du Travail est modifié. Mais les objectifs ont-ils été tenus ? Gouvernement, partenaires sociaux et partis politiques ont durement négocié, et marchandé des heures durant. En réalité, les projets initiaux de la gauche ont dû être modifiés, parfois tronqués, et, pour certains, purement et simplement abandonnés. Cette étude, en s'appuyant sur des archives pour la plupart inédites, étudie la place des acteurs politiques, syndicaux et associatifs dans l'élaboration des textes, et interroge les enjeux et la portée de ces lois Auroux.