Biographie de Jacques-Armand Cardon
Cardon est un dessinateur et caricaturiste français né en 1936 au Havre. Son père, mort en captivité en 1943, laisse une maison remplie d'oeuvres qui inspirent Cardon dès son plus jeune âge, admiratif de la précision de ses dessins de bateaux. Enfant, papier et crayons ne sont jamais loin. Et Cardon ne peut pas lire un livre sans avoir envie de l'illustrer. Il connaît la reconstruction du port de Lorient et vit dans les baraquements du Château de Soye, avant que sa famille ne le fasse entrer en apprentissage comme ouvrier dans les Arsenaux de la Marine à l'âge de 15 ans.
Le dessin lui permet de tenir à distance un milieu ne lui convenant guère. Finalement, on le transfère à la Brigade extérieure chargée des interventions diverses : souterrains, câblages à refaire, etc. Avec la complicité d'un ou deux anciens, amusés par ce qu'il crayonne, il remplit ses carnets, dessine ceux qui tirent des câbles dans les souterrains de la base sous-marine, dans une poussière folle.
Il effectue son service militaire à Toulon où il fréquente l'Ecole des Beaux-Arts comme un assoiffé une oasis. Il y étudie la lithographie ; puis la gravure et la sculpture. Il retourne un temps à Lorient puis arrive à Paris en 1961 et y rencontre Jean-Jacques Pauvert, qui publie ses premiers dessins dans la revue Bizarre. Cette même année, il fait la connaissance de Cabu, Wolinski, Fred, Topor, Cavanna et le professeur Choron, lors des débuts d'Hara-Kiri.
Témoigner, dire par ses dessins ce monde ouvrier dont il est encore imprégné lui semble un devoir. Pas simple ! A L'Humanité Dimanche, ses dessins n'ont pas grand succès tandis qu'à Hara Kiri, le monde ouvrier n'entre en rien dans le projet de dynamitage " bête et méchant " des bonnes moeurs. A partir de 1962, il collabore à Siné-Massacre, France-Deux, L'Humanité, la revue du SNESup (Syndicat national de l'enseignement supérieur).
En 1968, il participe à L'Action, publie des dessins dans L'Enragé. Il collabore régulièrement au Monde. Il entre au Canard Enchaîné en 1974, où il apparaît comme un des dessinateurs les plus originaux. Contrairement à la plupart de ses confrères, Cardon représente le plus souvent ses cibles de trois quart dos, manière de dénier aux hommes politiques leur dignité d'êtres. En cachant leur visage, il permet d'observer celui qui voit la situation, comme un monstre qu'on suggère mais qu'on ne montre pas.
De 1970 à 1978, il fait paraître des bandes dessinées dans Le Fou parle, Charlie Hebdo, L'Echo des savanes, et des bandes dessinées politiques dans Politique-Hebdo - pour L'Humanité-Dimanche jusqu'en 1979. Il participe à Tac au Tac, la série télévisée de Jean Frapat ; il dessine pour un ballet de Paul-André Fortier, à Montréal, en 1981. Il réalise un dessin animé L'Empreinte (Prix de la première oeuvre au Festival d'Annecy, sélection pour le Festival de Cannes, 1975).
Il crée la revue Le Père Denis avec Kerleroux, Vasquez de Sola et Grandremy. Ses dessins paraissent dans l'anthologie Les Chefs d'oeuvre de l'humour noir, dans la collection Planète de Jacques Sternberg (1967) dans laquelle est éditée la série des chaises impossibles datant de 1962. Il crée La Condition humaine dans Satirix (1972) et Albin Michel publie Ligne de fuite ; La Véridique Histoire des compteurs à air paraît aux éditions de La Courtille (1973) et a été réédité par Les Cahiers dessinés en 2012.
En 1986, les Editions du Héron publient le recueil Comment crier et quoi ; en 1995, il exécute des dessins pour Les Sursitaires d'Elias Canetti ; en 2001, il dessine dans l'anthologie Tout l'humour du monde, éditions Glénat. En 2002, paraît une monographie, Cardon, Dessins, regroupant une sélection de sa production des trente dernières années, aux Editions du Héron, Lausanne. En 2010, les éditions de L'Echappée publient une rétrospective de 240 dessins : Cardon, Vu de dos - trente ans de dessins plus que politiques.
En 2015, Cardon, qui a grandi dans la cité de Soye, reçoit la médaille de la ville de Ploemeur, qui lui décerne aussi le titre de citoyen d'honneur ; en outre, l'artiste est l'un des présidents d'honneur de l'association Mémoire de Soye. Il est installé en Anjou depuis le début des années 2000. Parallèlement, il expose ses dessins en France, en Allemagne et dans d'autres pays européens