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"Il ne faudrait pas trop médire de l'hypocrisie. Si tous les êtres humains portaient leur âme sur leur visage, à quelles horreurs ne serions-nous pas exposés ! Que de faces répugnantes, gangrenées, pourries ! L'idéal serait qu'aujourd'hui soit comme hier, et que les journées s'enchaînent, délicieusement égales : que rien ne bouge, que rien ne change ; que la vie soit comme une toile de Vermeer, tranquille et stable à jamais : on y fait son courrier, on y brode avec le plus grand soin, on y cuisine en ne forçant surtout pas sur le lait, on y joue du clavecin, on étudie l'astronomie et la philosophie, on pèse le pour et le contre, on bavarde avec de beaux soldats qui racontent leurs campagnes, on s'assoupit. On reste bien caché, à l'intérieur de l'intérieur, à côté de la fenêtre qui ne laisse rien passer du dehors, si ce n'est la merveilleuse lumière. Au lieu de quoi aujourd'hui est pire qu'hier. Et l'on bénit les masques qui ne changent jamais". Jacques Drillon.
Dans cette autobiographie légère, profonde, construite comme une cadence de concerto, libre et thématique, Jacques Drillon, tel un Antoine Doinel lecteur de Rousseau, se prend lui-même pour personnage, évoluant dans la province des années soixante...