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Bohumil Hrabal fut, avec Milan Kundera, la grande révélation du roman tchèque. Né en 1914, mort en 1997, il fut à la fois l'héritier de la littérature " plébéienne " et de son goût pour la " palabre ", et de l'avant-garde : il sut en créer une synthèse exceptionnelle, emblématique de la culture de l'Europe centrale au XXe siècle - traumatismes collectifs compris. Ses grands romans (Une trop bruyante solitude, Moi qui ai servi le roi d'Angleterre, etc.) font aujourd'hui figure de classiques de la littérature européenne. Ce volume propose quelques clefs pour comprendre la genèse de l'œuvre de Hrabal, la mutation de la poésie subjective des débuts à une prose attachée à faire entendre la voix d'autrui. Cette mutation passe par des textes expérimentaux et notamment par le phénomène des versions multiples d'un même texte : on trouvera ici la traduction inédite de Caïn, récit existentiel (de 1949), dont la deuxième variante, Trains étroitement surveillés (de 1965), sera l'un de ses romans les plus populaires. " Existentiel ", l'art de Hrabal l'est en effet par ses liens avec l'existentialisme - mouvement européen certes, mais aussi expression d'un malaise mûri à Prague : dès le début du XXe siècle, des écrivains - Hasek, Kafka ou Weiner, entre autres - y avaient su évoquer le moment où l'individu, dans la peine et aussi l'éblouissement, se heurte à une aliénation qui semble être l'apanage des marginaux mais s'avère être le lot commun : l'art de Hrabal, leur successeur, est profondément existentiel par la place qu'il fait aux oscillations de la perte et du salut.