Beethoven a composé un unique opéra. Il en est l'unique personnage. La musique en est l'unique sujet.
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Beethoven a composé un unique opéra. Il en est l'unique personnage. La musique en est l'unique sujet.
Dans Fidelio, la musique est le sujet d'un drame qui se déroule d'abord en elle. Les murs de la forteresse et l'obscurité du plus profond des cachots ne sont pas des contingences du livret. La musique de Beethoven ne les rencontre pas par hasard. Ces murs et ce cachot sont là comme une limite de l'expression que la musique doit affronter quand elle s'approche du silence ou semble se refuser dans le cri, quand elle se tend jusqu'à la rupture ou éprouve la possibilité de sa disparition même. Le sens de cri et de protestation de Fidelio s'accomplit dans sa forme qui affronte ces limites et les inscrit en elle. Les obstacles rencontrés, les malentendus persistants et une certaine absence de descendance de Fidelio sont le prix que paie encore aujourd'hui une œuvre singulière et solitaire. La réussite d'une œuvre n'est pas que formelle, elle tient aussi au courage avec lequel elle affronte ses propres limites ; elle tient à ce qu'elle vise et à ce qu'elle promet, à l'attente qu'elle suscite. C'est en ce sens que nous apprenons en écoutant, et que Fidelio peut nous aider, musiciens ou non, à comprendre ce qu'entendre veut dire.
Daniel Banda, philosophe, est chargé de cours à l'Université de Paris X-Nanterre où il enseigne l'esthétique. Il a publié L'Attente vaine, Wozzeck et Lulu (Arles, Actes Sud, 1992).