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Louis Pons construit un monde avec ce qui lui tombe sous la main, non seulement avec un crayon ou une plume mais aussi avec des morceaux de bois qu'il ramasse, des objets perdus qu'il trouve. Il invente des assemblages comme des dessins où les objets auraient remplacé les crayons ou les plumes, et même la mine et l'encre. Des objets qui écriraient et qui dessineraient, des morceaux de bois ou d'os, de fer ou de chiffon qui laisseraient des traces et que Louis Pons utiliserait pour ajuster ses dessins et donner à voir une autre fabrique qu'il aurait lui-même inventée pour passer par dessus toute la sculpture et la peinture. Des dessins en relief avec des creux et des bosses, où les morceaux de bois deviennent des traits, les morceaux de fer ou d'os des ratures comme tout un nouvel alphabet trouvé qui aurait été jeté puis ramassé pour être assemblé et devenir une autre langue, une nouvelle écriture avec d'autres lettres et d'autres mots pour raconter une histoire à nulle autre pareille. S'il y a le dessin et la peinture, c'est parce qu'il n'y a pas que les 26 lettres de l'alphabet pour écrire et dire ce que l'on veut écrire et dire, écrire et dire comment nous voyons le monde, pourquoi nous sommes ici, ce que nous faisons, ce que nous attendons. Il n'y a pas que cette langue que l'on nous a apprise pour en général ne rien écrire et ne rien dire qui soit nouveau. Il y a surtout la langue de chacun qu'il faut trouver au fond de soi pour enfin parler aux autres et être soi-même au moins le temps de notre vie. C'est cette langue-là, la langue de Louis Pons, qui a été retranscrite ici.