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Après avoir erré quelques années, étudiant férocement studieux mais aussi très anarchiste, après avoir déambulé le long des docks du port de Glasgow, alors du dernier stade de la révolution industrielle, entouré d'une drôle de musique où les accents de Rimbaud («Je me crois en enfer») et de Hölderlin («Ce que tu veux, c'est un monde») se mêlaient aux phrasés grinçants de L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht, je me posais la question : que faire ? Que faire de fondamental ? D'abord pour donner un fondement et un mouvement à une existence individuelle, mais aussi pour tenter de changer le cours des choses, sur les plans culturel, civilisationnel et sociopolitique. Pendant le XIXe et le XXe siècle on a cru, malgré tout, que l'Histoire était synonyme de Progrès. Qu'elle menait quelque part : à un grand Etat, au communisme universel, à un Supermarché du bonheur. Personne n'a plus confiance dans l'Histoire. D'où un grand vide existentiel et culturel. Sans utopisme, sans réenchantement facile, Kenneth White entreprend une navigation hauturière dans un espace de vie et de pensée, qui a toujours existé au large de l'Histoire. Les escales de ce voyage sont au nombre de cinq : une analyse socio-politique de la fin de la modernité ; une investigation qui remonte aux origines de la culture ; l'examen de diverses tentatives de refondation sociale à travers le monde ; la question, posée encore trop timidement par l'écologie, de l'habitation de la Terre ; et enfin, une critique de la situation contemporaine de l'art.
Né en Ecosse, Kenneth White vit en France depuis 1967. Il est l'auteur d'une oeuvre féconde et vivifiante. A l'origine du concept de nomadisme intellectuel, il fonde l'Institut international de géopoétique en 1989.