Biographie de Washington Irving
Washington Irving est, avec James Fenimore Cooper (1789-1851), l'un des grands fondateurs de la littérature nord-américaine. Irving naît à New York le 3 avril 1783 dans une famille de négociants prospères, alors que s'achève la guerre d'Indépendance - ce qui lui vaut son prénom. Cadet de onze enfants, il échappe aux rigueurs de l'enseignement de collège et se forme par lui-même, dans d'incessantes lectures et la fréquentation des bords de l'Hudson.
Puis, toujours plus ou moins en autodidacte, il s'initie au droit dans l'étude d'un des amis de son père. Il y rencontre la jeune Matilda, de laquelle il tombe amoureux et dont la mort précoce à l'âge de 17 ans, en 1809, le laissera inconsolé et à jamais célibataire. S'il obtient son titre d'avocat en 1806, Irving n'exercera pour ainsi dire jamais. Très tôt il s'est tourné vers l'écriture et publie (de 1802 à 1803) sous le nom de Jonathan Oldstyle des récits satiriques et fantaisistes dans le Morning Chronicle que dirige un de ses frères.
En 1809 paraît, sous le pseudonyme de Dietrich Knickerbocker, son Histoire de New York, depuis le commencement du monde et jusqu'à la fin de la domination hollandaise, dont le titre à lui seul annonce la truculence. Mais Irving est avant tout un voyageur : après avoir vu le Canada, il s'embarque pour l'Europe où il passe deux ans, visitant Marseille, Gènes, la Sicile, Rome. De retour à New York, il se consacre à l'écriture et aux affaires commerciales de la famille, affaires qui le conduisent à s'installer au Royaume-Uni, où il fait la rencontre de Walter Scott.
Puis ce sont l'Allemagne, l'Autriche, la France, les îles anglaises et l'Espagne (il y devient en 1826 attaché de la légation des Etats-Unis). Dix-sept années en tout de pérégrinations et d'accumulation de matériaux (soigneusement consignés dans des cahiers) qui nourrissent ses projets d'écrivain. De retour à New York en 1832, il s'engage immédiatement dans une exploration des territoires encore mal connus de l'Oklahoma, qui le conduit jusqu'à Fort Gibson, d'où part une expédition sur les terrains de chasse des tribus indiennes.
De ce voyage, Irving tire A Tour on the Prairies, exploitant pour partie les notes prises durant les presque trois mois du périple. Son intérêt pour la réalité et la complexité de cette Amérique en gestation où pionniers, aventuriers de tous horizons et natifs sont amenés à se côtoyer en plus ou moins bonne entente, se retrouve dans Astoria (1836), rédigé sur la base des notes fournies par le négociant en pelleterie John Jacob Astor.
Irving aborde ce qu'il lui est donné de voir sans aucun a priori ; il est d'ailleurs l'un des premiers à s'intéresser à la manière dont les relations entre les néo-américains et les tribus indiennes se dégradent. Après avoir occupé de 1842 à 1845 un poste d'ambassadeur en Espagne, Irving se retire dans sa propriété de Sunnyside, à Tarrytown, sur les rives de l'Hudson, où il se consacre entièrement à son travail d'écrivain, notamment la rédaction d'une monumentale biographie de George Washington.
C'est là qu'il meurt le 28 novembre 1859. La guerre de Sécession n'a pas encore éclaté.