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"Ornement et Crime", La Charte d'Athènes, Learning from Las Vegas, New York délire... Autant de titres qui marquent assurément la culture du XXe siècle. La lecture de Loos par Broch ou Debord tout comme la part prise par les écrits de Venturi dans la définition du postmodernisme attestent de la place occupée par les architectes dans le débat intellectuel. Dans le même temps, l'écrit de l'architecte garde néanmoins un statut ambigu, qui le marginalise souvent. Selon les uns ou les autres, il apparaît soit trop spécialisé, soit pas assez. Peut-être cette ambiguïté tient-elle à son origine même. L'écriture de l'architecte occupe presque toujours une place seconde : elle accompagne bien souvent le bâtiment, l'image ; à tout le moins, elle semble trouver sa légitimité dans cette autre activité - fondatrice - qui la précède et la dépasse. Comment même pourrait-elle vraiment en rendre compte ? Se mesurer avec elle ? Du silence de l'architecture, l'écriture dégage pourtant un discours, dans un langage accessible à tous, et d'autant plus efficace. Par la plume, l'architecte reconfigure l'espace idéologique, comme il redessine l'espace par ses plans. Peut-être même la découpe physique de l'espace ne se fait-elle vraiment que sur le fond d'une installation première dans le monde partagé des mots et des valeurs. Pour reprendre le fameux jeu de mots pascalien, l'écriture finit par comprendre l'architecture, lui permettant encore de dialoguer avec les discours et les savoirs de son temps.