Biographie de Yoshiharu Tsuge
Né en 1937 à Tokyo, Yoshiharu Tsuge connaît une enfance difficile marquée par la pauvreté. Quittant l'école à quatorze ans, il enchaîne les petits boulots et cherche à échapper à son milieu familial, fuyant la violence d'un beau-père qu'il exècre. A dix-huit ans, il entame une carrière de mangaka en réalisant des histoires pour les librairies de prêt qui fleurissent dans le Japon d'après-guerre - un système aujourd'hui disparu à mi-chemin entre bibliothèque et librairie.
A cette époque, on reconnaît dans son style l'influence d'Osamu Tezuka, ainsi que celle du gekiga, un mouvement tout juste créé sous l'impulsion de Yoshihiro Tatsumi, qui souhaite faire évoluer le manga vers des sujets plus réalistes. L'originalité de son écriture le fait rapidement remarquer et il est contacté en 1965 par Katsuichi Nagal, le fondateur du légendaire magazine Gard. Il commence à publier dans la revue à partir de 1966.
Les premières réactions des lecteurs sont négatives. Sujet à la dépression, Tsuge publie peu et devient l'assistant de Shigeru Mizuki. Cette collaboration lui redonne de l'assurance. En 1968, sa nouvelle Neji Shiki, "La vis", dans laquelle il relate un de ses rêves, marque profondément les esprits et devient un classique instantané. Son style évolue vite et se construit autour d'une inspiration hybride, qui mêle registre intime et forme onirique.
Il donne ainsi naissance à un nouveau genre proche de l'auto-fiction. Sa production se ralentit au cours des années 1980 et il cesse de publier après L'homme sans talent (Atrabile). L'intérêt pour l'oeuvre de ce génie ne s'est cependant jamais affaibli et il reste l'une des figures majeures de son art.