La découverte d'un texte composé il y a plusieurs siècles peut engendrer une réaction de curiosité, d'indifférence, ou encore de moquerie. En effet, comment, à une époque où devaient régner l'ignorance et le préjugé, du moins aimerait-on s'en persuader, aurait-on pu concevoir un récit cohérent et ordonné ? L'impression première n'est jamais ce à quoi il faut s'arrêter, car elle ne reflète qu'un jugement sommaire essentiellement empreint de superficialité. Ce qui est présenté ici relate des scènes qui se sont passées, ou se seraient passées, il y a plus d'un millier d'années. Après avoir longtemps fait l'objet de transmissions orales, elles ont finalement été codifiées sous la forme d'un texte écrit par un lettré. Mais pourquoi vouloir maintenant refaire une narration de ce qui mêle faits réels et mythes, récits se voulant épiques et l'acceptation de la volonté supposée d'êtres surnaturels ? Les époques passent et l'esprit humain demeure ce qu'il est. Il garde sa tendance à accorder davantage d'intérêt à ses passions plutôt qu'à la raison. Il accepte ses bassesses qu'il masque, par facilité, en invoquant la fatalité et il camoufle ses erreurs en faisant appel à la nécessité qui n'est autre que le nom qu'il donne à son aveuglement. De sorte qu'un récit est toujours d'actualité, le temps n'effaçant en rien ce qui sous-tend la continuité de la destinée humaine et ce qui assure la permanence de la croyance en ses vaines utopies.